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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

qu’exerçait sur le patient le climat de Sainte-Hélène. Lowe était de plus en plus inquiet et il ne manquait point de rendre compte d’un état de santé sur lequel les commissaires russe et autrichien, de leur côté, renseignaient leurs cours, en leur communiquant d’abord les bulletins d’O’Meara, puis, lorsque l’Empereur les eut interdits, les bulletins plus rassurants rédigés par Baxter, d’après les conversations qu’il avait, peut-être, avec O’Meara…

Entre celui-ci et le gouverneur, les choses s’envenimaient au point que Lowe pensait sérieusement à l’expulser de l’île. Habitué qu’il était à le trouver complaisant et à recevoir de lui des détails circonstanciés, il s’étonnait qu’O’Meara déclarât infâme à présent un métier pour lequel il s’était de lui-même offert et qu’il avait jusque-là rempli sans répugnance. S’il n’allait point jusqu’à en deviner exactement les raisons, tout le moins il soupçonnait entre le malade et son médecin des rapports nouveaux, des relations suspectes, et il ne put se contenir lorsque O’Meara lui déclara qu’il avait promis à Napoléon de ne rien révéler des conversations qu’il aurait avec lui, hormis s’il s’agissait de projets pour une évasion ou pour quelque rébellion contre le souverain d’Angleterre. À coup sûr, cette déclaration était tardive, mais il n’eût tenu qu’à O’Meara de ne la point faire et, de là, n’eût-il point dû devenir moins odieux au gouverneur ? Mais celui-ci devait envisager les