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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

mises par le gouverneur aux promenades de l’Empereur, telles que les limites en avaient été réglées par l’amiral Cockburn. Lowe ne jugea point à propos de le prendre sur lui, mais, à ce moment même, il reçut des instructions lui permettant « dans le cas où l’état de la santé du général Buonaparte rendrait vraiment cette concession nécessaire » de porter de huit à douze milles la circonférence où il pourrait se promener sans être accompagné par un officier, et les nouvelles données par O’Meara devenant pires, il se détermina, le 2 octobre, à faire des propositions que l’Empereur rejeta avec insulte : « Je suis, répondit-il par Bertrand, à deux cents lieues de l’Europe, sur un rocher, à la merci de mon plus implacable ennemi qui, pendant les dix-huit mois qu’il a passés dans ce pays, n’a pas laissé passer une semaine sans m’insulter et me blesser ». Il refusait toute concession qui vînt du gouverneur. « L’état de choses approuvé par le Gouvernement anglais, qui était lui-même très intolérable et constituait une violation de tous les droits, me permettait néanmoins de sortir, ma santé souffre surtout des insultes qu’il me faut endurer à tout moment de l’homme pervers qui commande en ce pays. »

Rendu inquiet par les nouvelles que lui donnait O’Meara, Lowe était disposé à entrer en négociations, mais ses démarches n’eurent aucun succès ; Napoléon voulait tout ou rien. « La santé de l’Empereur s’est fort détériorée », écrivait Bertrand, le