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LÀ SANTÉ DE L’EMPEREUR

quer sur le navire le plus mauvais marcheur de toute la flotte britannique, en sorte qu’il mit trois mois, du 20 août au 15 novembre, pour gagner l’Angleterre. Là, on lui interdit de débarquer et il dut errer encore durant un mois, avant de trouver une ville où l’on tolérât sa présence. Mais, à présent, il faudrait bien, à moins qu’on l’emprisonnât de nouveau, qu’on entendit sa parole.

Ce qui ne pouvait manquer de donner à son plaidoyer un accent particulièrement émouvant, c’est que, depuis quelque temps, on pouvait concevoir des inquiétudes au sujet de la santé de l’Empereur.

Elle s’était maintenue bonne durant l’année 1816, mais, dès le début de 1817, certains accidents apparurent ; l’Empereur avait subi, dans les premiers jours de mars, un dérangement d’estomac assez notable pour l’arrêter et, vers la fin du mois, une enflure aux jambes, accompagnée d’éruption, l’obligea à faire des remèdes. Cette enflure s’aggrava vers le mois d’août. Le 30 septembre, le général Bertrand écrivait à Hudson Lowe : « L’existence de l’Empereur depuis six semaines est extrêmement douloureuse ; l’enflure des jambes va en augmentant tous les jours ; les symptômes de scorbut qui s’étaient fait remarquer aux gencives sont déjà tels qu’il y a presque constamment des douleurs aiguës » ; il ajoutait que les gens de l’art attribuaient cet état au manque d’exercice et il parlait de là pour demander le rappel des restrictions