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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

titre d’inspecteur des hôpitaux de Sainte-Hélène, un certain docteur Baxter, son chirurgien aux Corsican Rangers, qui avait toute sa confiance. Son intention fermement arrêtée était de l’imposer à l’Empereur, sinon comme médecin ordinaire, au moins comme consultant, chargé d’empêcher que la santé de Napoléon servît de prétexte à des adoucissements préjudiciables à sa garde. Dès qu’il avait parlé de Baxter à l’Empereur, celui-ci s’était cabré, mais Lowe était patient, et il n’attendait qu’une occasion pour montrer à O’Meara qu’il le prisait peu et qu’il ne lui accordait pas sa confiance. Cette occasion se présenta d’autant plus naturellement qu’O’Meara était léger et indiscret, qu’il se pliait malaisément aux règlements, qu’il était vaniteux et susceptible et qu’il entendait que sa mission près de l’Empereur profitât à son avancement et à sa solde ; repris durement par Lowe, il se retourna vers l’Empereur dont il avait beaucoup à attendre, soit comme argent, puisque Napoléon passait pour disposer d’inépuisables trésors, soit comme renommée, puisqu’il en restait le maître. Il entrevit, car il n’était point sot, le parti qu’il en pouvait tirer et il s’y livra.

O’Meara avait si bien joué son rôle que, durant le temps où il servait au gouverneur d’espion volontaire, il n’avait pas moins su, par quantité de menus services près des compagnons de l’Empereur, se rendre agréable à celui-ci. Il était le fournisseur de nouvelles, parfois il apportait des jour-