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LE DOCTEUR O’MEARA

prendre un exercice qui avait toujours été indispensable à sa santé ; il avait, de plus en plus, pris ses aliments à des heures irrégulières ; il avait cherché à calmer par des bains prolongés des douleurs dont l’apparition remontait au commencement de 1816 et dont la marche avait paru être rapide.

Le médecin qu’il avait dû s’attacher, à défaut du médecin français qui avait refusé de le suivre, n’avait qu’une instruction sommaire et il avait une âme basse. Il ne s’était point mis en avant tant qu’avait duré le commandement de l’amiral Cockburn. Dès l’arrivée d’Hudson Lowe, il s’était proposé à lui et lui avait adressé, sur l’Empereur et ses compagnons, des rapports qui n’étaient point d’un médecin, pas même d’un officier subordonné, mais d’un espion. Il y tournait en ridicule ceux près desquels il vivait et n’épargnait pas même les femmes. Comme il s’imaginait que, plus il serait agressif, et mieux il ferait sa cour, il ne ménageait personne ni dans sa correspondance avec le gouverneur, ni dans celle qu’il entretenait, au su du ministère, avec un Mr. Finlaison, clerc de l’Amirauté, lequel ne manquait point de faire passer les lettres sous les yeux de qui de droit. Ainsi O’Meara avait-il contribué plus que qui que ce soit à créer autour des prisonniers une atmosphère de défiance qui leur était singulièrement défavorable.

Lowe ne s’était pourtant point laissé prendre à ses finesses. Il avait amené d’Angleterre, avec le