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LE RENVOI DE LAS CASES

à Longwood pourvu qu’il en fit la demande par écrit ; Lowe, par égard pour les convenances de l’Empereur, acceptait ainsi de tenir pour non avenue l’infraction la plus grave qui eût pu être faite aux règlements ; il ne manqua point de rendre compte au ministre, lequel, par retour du courrier, approuva cette indulgence : mais Las Cases n’entendait point retourner près de l’Empereur et, au milieu des fleurs de rhétorique dont il l’entourait, cette résolution, le plus nettement du monde, se faisait jour.

L’Empereur couvrit son départ en lui adressant une lettre qui contenait une approbation positive : « Votre conduite à Sainte-Hélène, lui disait-il, a été, comme votre vie, honorable et sans reproche… Votre société m’était nécessaire. Seul, vous lisez, vous parlez et entendez l’anglais… Cependant, je vous engage, et au besoin je vous ordonne, de requérir le commandant de ce pays de vous renvoyer sur le continent : il ne peut point s’y refuser puisqu’il n’a d’action sur vous que par l’acte volontaire que vous avez signé… » Et il terminait ainsi cette lettre où il avait réuni les plus fortes imprécations contre le gouverneur : « … Consolez-vous et consolez mes amis. Mon corps se trouve, il est vrai, au pouvoir de la haine de mes ennemis : ils n’oublient rien de ce qui peut assouvir leur vengeance ; ils me tuent à coups d’épingle ; mais la Providence est trop juste pour qu’elle permette que cela se prolonge longtemps encore. L’insalu-