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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

adoucissements à la captivité, il prouverait que la santé de l’Empereur se trouvait compromise par le séjour à Sainte-Hélène et qu’il fallait au moins changer le lieu de la relégation.

Si ferme était sa détermination que, dès le premier jour de son arrestation, il s’était mis personnellement en conflit avec l’Empereur pour obtenir qu’on lui remît le manuscrit de son journal, que l’Empereur de son côté réclamait comme lui appartenant ; sans s’inquiéter si la chose conviendrait ou non à l’Empereur, il avait pris sur lui d’adresser à Hudson Lowe un réquisitoire où il s’établissait, avec une audace tranquille, l’avocat d’office et le porte-paroles de Napoléon et ne faisait en réalité que creuser le fossé et élever la barrière. Devant de tels documents, où il sacrifiait si largement à la littérature, s’inquiétait si peu des conséquences, on ne peut que se demander si Las Cases, ayant constamment en vue un autre public et, si l’on veut la postérité, n’excitait point l’Empereur comme le disaient les agents anglais, aux protestations écrites, aux manifestations de toute espèce qui devaient donner du dramatique à l’histoire de la captivité et du piquant au livre qu’il préparait.

Rien ne pouvait faire qu’il restât à Sainte-Hélène, vu que, disait-il, « il avait été flétri par son arrestation » . Vainement le Grand maréchal lui écrivit et lui dit que l’Empereur souhaitait qu’il restât ; vainement Hudson Lowe lui proposa de retourner