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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

journaux des Deux-Siciles ou dans ceux du Royaume lombard-vénitien ! Mais l’autre hypothèse, celle très vraisemblable, où Scott, même s’il n’était point agent provocateur, serait pris avec ses bandes de taffetas, Las Cases ne l’avait-il pas envisagée ?

Depuis qu’on était réuni à Longwood, l’existence y était intenable pour lui. Aux Briars, il avait été l’unique compagnon de l’Empereur, travaillant et causant avec lui, passant la journée entière et souvent la nuit à écouter le récit de sa surprenante fortune. Lorsque Gourgaud était venu rejoindre l’Empereur aux Briars, le charme de cette intimité avait été diminué, mais il n’avait été définitivement rompu que lors de l’installation à Longwood. Si peu de place que prissent les deux Las Cases, si accommodant que se montrât le père pour ce qui était des fonctions, du rang, des prérogatives, si peu gênant que fût le fils, presque constamment absorbé par des écritures sans fin, où eût succombé un homme plus âgé et où il avait presque ruiné sa santé, ç’avaient été, de la part de Gourgaud et des Montholon, pour cette unique fois alliés, des attaques, d’abord cachées, puis ouvertes, de continuelles contradictions, enfin des offenses qui eussent mis à un homme moins résolu d’être calme l’épée à la main. À Longwood, les pires coins avaient été assez bons pour le père et le fils. On avait voulu faire manger celui-ci avec Piontkowski, le Polonais suspect. Plus de travail