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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

s’était-il pas, par deux fois, soumis par écrit aux restrictions que l’Angleterre imposait à ceux qui voudraient demeurer auprès de l’Empereur ? En violant la consigne, ne connaissait-il pas la peine qui l’attendait ? Et c’était à un mulâtre esclave — et esclave d’un père anglais et loyaliste — qu’il avait eu l’idée de remettre des documents signés de son nom, copiés par son fils, dont le texte n’avait pu être rédigé que par lui, et dont l’un au moins ne pouvait qu’être destiné à la publicité ?

La lettre au prince Lucien renfermait le récit des événements depuis le départ de Malmaison jusqu’au mois d’août 1816. Ce récit avait la forme d’un pamphlet plutôt que d’une narration ; il était déclamatoire et peu exact. La lettre à Lady Clavering était compromettante pour elle, pour Lord Holland, auquel Las Cases annonçait avoir adressé ci-devant un paquet, pour le prince Lucien, pour tout le monde. Las Cases y justifiait les craintes exprimées par les ambassadeurs au sujet des journaux. « Que n’auriez-vous, disait-il à Lady Clavering, quelqu’un pour m’écrire sous votre dictée ?…… Il pourrait faire insérer des articles dans le Times et le Morning Chronicle, dont la lecture nous apprendrait que ma lettre vous est parvenue. » Enfin, il révélait que des billets, cachés dans des effets d’habillement, étaient ainsi parvenus entre les mains des prisonniers.

On eût dit que Las Cases avait réuni sur cette bande de taffetas tous les griefs qu’on pût former