Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/368

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
350
NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

reur ne veut de grâce de personne et ne veut rien du caprice de qui que ce soit. »

S’il avait intercepté ces jetons, il eût été approuvé comme s’il avait intercepté le buste. Jamais le ministre ne le reprit pour avoir exécuté ses consignes, mais toujours pour s’en être relâché. Telle était la crainte que l’Empereur trouvât moyen de correspondre avec l’Europe, que les ministres anglais, aussi bien que les ambassadeurs des Puissances alliées, en arrivaient à donner de l’importance à des annonces chiffrées insérées dans le journal The Anti-Gallican, que publiait à Londres Lewis Goldsmith, juif anglais, ci-devant employé par le ministère de France à de basses besognes de journalisme, telles que la rédaction de The Argus ou du Moniteur Anti-Britannique, et rachetant à présent, par ses injures à la France, ses insultes à l’Angleterre. On prétendait que Napoléon correspondait avec ses partisans par ces annonces, dont voici une, péniblement déchiffrée :

« D. 0. L’Anti-Gallican vient d’arriver ici. Il est fâcheux que l’éditeur vous ait adressé une lettre. Cela a donné l’éveil ; cela sera vexant si l’on ne peut pas communiquer avec vous par la voie de son journal, car je crains que les autres ne voudront pas insérer les annonces en chiffres. Ainsi, il ne faut pas lui répondre. Harel est parti pour l’Amérique. Des fonds ont été envoyés à votre frère Joseph. Lucien est devenu ladre. Hortense est toujours dans