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NAPOLÉON ET LOWE

Lowe, il a gagné d’apprendre qu’il n’est pas « un homme sensible ». Pourtant, n’aurait-il pas eu le droit, d’après ses instructions, d’intercepter un objet qui n’était point adressé par la voie ministérielle, qui portait des emblèmes séditieux et étalait un nom proscrit ? Il a obéi, après quelque hésitation sans doute, à un sentiment de déférence et, peut-on ajouter, de commisération ; il pouvait en être repris sèchement par ses chefs, — et il le fut, — mais, de la part de son prisonnier, cela ne lui valut que quelques injures.

Au surplus, quoi qu’il fit ou qu’il tentât, on ne lui en savait pas plus de gré ; qu’il prît sur lui d’offrir du café ou des faisans, on acceptait le présent, mais on n’avait garde de remercier. Tentait-il de se faire un mérite d’avoir adressé à Longwood cinq caisses contenant un jeu d’échecs, une boîte de jetons et deux paniers d’ouvrage en ivoire qu’avait envoyés de Canton un M. Elphinstone, frère de Lady Malcolm et d’un officier que l’Empereur avait fait panser à Waterloo ; faisait-il remarquer que, s’il avait agi « en entière conformité aux règlements établis », il aurait dû en suspendre l’envoi, parce que, sur les jetons, il y avait une couronne impériale, il recevait aussitôt une lettre dictée par l’Empereur et d’un ton qu’il ne pouvait méconnaître. Il y apprenait « qu’il n’était pas à la connaissance des prisonniers qu’ils ne pussent pas posséder un objet sur lequel il y avait une couronne », et avec quel mépris on lui disait : « L’Empe-