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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

trand la lettre de Biagini et le mémorandum d’embarquement. Voilà donc ses scrupules ; et comment pourrait-il plus maladroitement se tirer d’affaire qu’en mettant au défi la libéralité de l’Empereur ?

Le Grand maréchal « ne s’en laisse pas imposer ». Il répond que l’Empereur a un grand désir de revoir les traits de son fils, et il engage vivement le gouverneur à envoyer le buste le soir même. Il est bien exact que l’Empereur y attache un prix extrême : outre que la remise constituera un avantage sur le gouverneur, il ne met pas en doute que « ce buste a été fait d’après les ordres de l’impératrice Marie-Louise pour être offert au père et au mari en hommage de ses tendres sentiments ».

Le 11, le buste est apporté : l’Empereur envoie aussitôt Gourgaud chez le Grand maréchal pour ouvrir la caisse et lui rendre compte. Au retour, son premier mot : « Quelle décoration ? — L’Aigle. — Ce n’est pas celui de Saint-Étienne, au moins ? — Eh ! non ! c’est l’aigle que Votre Majesté porte elle-même. » Il est content ; il renvoie Gourgaud chercher le buste ; tout de suite il regarde la décoration : « Est-ce l’Impératrice ou le sculpteur qui aura voulu l’Aigle ? » Il trouve que l’enfant est joli, quoiqu’il ait le col enfoncé ; il ressemble à sa mère. Il fait appeler les Montholon : il montre le buste à O’Meara, aux petites Balcombe. C’est l’impératrice Marie-Louise qui le lui a envoyé.