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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

Longwood. Mais l’argument devait frapper l’imagination, et Lowe ne pouvait y opposer sa consigne sans être taxé de cruauté. Aussi, quelque inquiétude qu’il eût prise et si animée qu’eût été sa correspondance avec Stûrmer, glissa-t-il par la suite, alléguant que seule la manière clandestine dont la mèche de cheveux avait été remise avait motivé son observation.

Dans le cas de Welle, Lowe, en définitive, avait cédé, et il n’avait tiré de sa condescendance relative aucun bénéfice — tout au contraire. Ce fut pis encore dans le second cas. Le 28 mai 1817, un store-ship, le Baring, capitaine Lamp, arrive à Sainte-Hélène. À bord est un maître canonnier, Philippe Radovitch, lequel a été chargé, par la maison de commerce Biagini, de Londres, de présenter à Napoléon un buste en marbre de son fils. C’est un buste de commerce dont on rehausse la valeur de quantité de légendes : qu’il a été taillé d’après un portrait exécuté sur nature aux bains de Livourne, où le prince se trouvait avec sa mère ; qu’il n’y en eut que deux exemplaires, l’un qu’a conservé « l’illustre mère du prince » et celui-ci ; qu’il a fallu de grands frais pour obtenir la ressemblance ; tout cela est faux. L’on a décoré l’enfant de la plaque de la Légion d’honneur, alors que depuis son arrivée à Vienne on la lui a enlevée ; l’on a inscrit sur le piédouche : Napoléon-François-Charles-Joseph, comme si le nom de Napoléon n’était point proscrit dans le ciel et sur la terre ;