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LADY HOLLAND ET LE DUC DE HAMILTON

s’établit donc la bénévole commissionnaire de Napoléon. Avec un tact extrêmement fin, une délicatesse d’attentions qui venait du cœur, elle s’ingénia à découvrir les friandises qui pouvaient plaire à l’exilé, les livres qui le distrairaient, les joujoux qui, mettant un éclair dans les yeux des enfants, amèneraient un sourire dans les yeux de ceux qui verraient leur joie. Elle n’avait, semble-t-il, jamais parlé à l’Empereur ; elle l’avait aperçu seulement à une parade, lors du Consulat ; mais ce n’est ni au Général, ni au Consul, ni à l’Empereur qu’elle adressait, si grande que fut son admiration, c’était au prisonnier, à celui dont la captivité lui semblait un opprobre pour sa nation. Ce qu’elle pouvait pour le réparer, elle le faisait ; elle se rendait l’intermédiaire entre la Famille et les ministres. Avec le marquis de Douglas, devenu l’attentif de la princesse Pauline, qui envoyait ou apportait les lettres de Rome, elle demandait, exigeait au besoin les autorisations, car Lord Bathurst ne se fût guère avisé de refuser à cette puissance qu’était Lady Holland, doublée de cette autre puissance, le marquis de Douglas, devenu en 1819, par la mort de son père, duc de Hamilton en Écosse, duc de Brandon en Angleterre, duc de Châtellerault en France. Il fallait l’audace d’un Blacas pour faire la leçon sur ses opinions à un tel grand seigneur, pair de France de 1548. L’arrivée des caisses de Lady Holland faisait à chaque fois un événement à Sainte-Hélène, y mettait pour quelques heures, même