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LES COMMISSAIRES EUROPÉENS

l’Autrichien. Et là-dessus, on avait rêvé. Evidemment, l’empereur de Russie n’aurait pas envoyé un de ses officiers sans le charger de quelque commission pour celui auquel, à Tilsitt et à Erfurt, il jurait une amitié éternelle ; rien ne serait plus simple que d’ouvrir une correspondance avec le czar, et, grâce à lui, on obtiendrait ce qu’on voudrait : qui sait si même il n’offrirait pas un asile dans ses États ? Quant à l’Autrichien, pas de doute : il apportait au proscrit des nouvelles de sa femme et de son fils ; il y avait là, de la part de l’empereur d’Autriche, une attention dont il fallait lui tenir compte. Et l’Empereur attendit ; et il dépêcha Mme Bertrand en éclaireur, et puis Las Cases, et puis tout le monde. Ce qu’on lui apporta, ce fut le texte du traité signé le 2 août 1815 qui le constituait le prisonnier de l’Europe et qui réduisait les fonctions de ces commissaires à délivrer chaque mois son certificat de vie. S’il ne connut point, par bonheur, les prétentions qu’avait eues le marquis de Montchenu, de réquisitionner quelques soldats pour entrer baïonnette au canon dans la maison de Longwood et y constater si l’Usurpateur y était vivant, il apprit que, pour couper court à toute tentative des commissaires, Lowe avait enlevé au Grand maréchal et s’était réservé à lui-même le droit de délivrer les passes. Sur une lettre imprudente que l’Empereur lui fit écrire, il saisit l’occasion de couper les visites, de supprimer par là toute distraction, mais aussi d’a-