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QUESTION D’ARGENT. — L’ARGENTERIE

rait à demander de l’argent en Europe ? Comme ce ne pourrait être que par son canal et par lettres ouvertes, il tiendrait ainsi le secret et l’on ne manquerait pas de lui en savoir gré.

Il ne s’attendait point que Montholon répondit, le 7, à l’officier d’ordonnance que l’Empereur, dans l’impossibilité de restreindre davantage les dépenses de Longwood, s’était déterminé à disposer d’environ 25.000 livres de son argenterie en la vendant à quelque négociant de l’île, de façon à fournir, pendant deux ans, les 12.000 livres qu’on lui demandait — 12.000 ou 8.000, c’est tout un, car peu importait la somme. Lowe, devant le scandale qu’il pressentait, s’ingénia : il déclara par lettre à Montholon qu’il n’hésiterait pas à garantir au général Buonaparte que toutes lettres ou communications écrites qu’il pourrait transmettre au sujet d’argent, par l’intermédiaire du gouverneur, ne seraient portées par celui-ci à la connaissance d’aucun individu de l’île ni d’ailleurs, le secrétaire d’État pour les Colonies seul excepté.

Cette proposition était inadmissible : l’Empereur mit donc à exécution la vente de l’argenterie : on arracha des cloches les aigles ciselés qui les ornaient ; on brisa à coups de marteau les assiettes, les plats et les pièces d’ornement, et Cipriani en porta 942 onces chez Balcombe, assez pour payer les dettes courantes. Une seconde fois, on en vendit 1.227 onces, une troisième, 2.048 ; le taux, d’après le cours de l’argent en Angleterre,