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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

tant au minimum à 20.000 £ (500.000 fr.), il disait : « Vous demandez à l’Empereur un fonds de 12.000 £, votre gouvernement ne vous en allouant que 8.000 pour toutes les dépenses. J’ai eu l’honneur de vous dire que l’Empereur n’avait pas de fonds ; que, depuis un an, il n’avait reçu ni écrit aucune lettre et qu’il ignorait totalement tout ce qui se passe ou a pu se passer en Europe. Transporté violemment sur ce rocher à deux mille lieues, sans pouvoir recevoir ni écrire aucunes lettres, il se trouve entièrement à la discrétion des agents anglais. L’Empereur a toujours désiré et désire pourvoir lui-même à toutes ses dépenses quelconques, et il le fera aussitôt que vous le lui rendrez possible en levant l’interdiction faite aux négociants de ce pays de servir à sa correspondance et qu’elle ne sera soumise à aucune inquisition de votre part ou de la part de vos agents. « Puis, faisant allusion aux ordres de Lord Bathurst que Lowe avait communiqués : « Vos ministres ignoraient-ils donc, Monsieur, lui dit-il, que le spectacle d’un grand homme aux prises avec l’adversité est le spectacle le plus sublime ? Ignoraient-ils que Napoléon à Sainte-Hélène, au milieu des persécutions de toutes espèces, auxquelles il n’oppose que la sérénité, est plus grand, plus sacré, plus vénérable que sur le premier trône du monde où si longtemps il fut l’arbitre des rois ? Ceux qui, dans cette position, manquent à Napoléon n’avilissent que leur propre caractère et la nation qu’ils représentent. »