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QUESTION D’ARGENT. — RUPTURE AVEC LOWE

le gouverneur, disant de lui, à la troisième personne : Il a fait ceci, Il a fait cela, le flagellant de paroles brèves, et, à chacune de ses dénégations, répondant par des mots qui valaient des coups de fouet. C’est la question des lettres, des communications quelles qu’elles soient, qui est sur le tapis, mais l’affaire d’argent est au fond, quoique, dans le récit très détaillé de cette suprême visite, Lowe n’insère que cette phrase qu’il attribue à l’Empereur : « Vous voulez de l’argent ; je n’en ai pas, si ce n’est entre les mains de mes amis ; mais je ne puis envoyer de lettres. » On dirait que, dans une dépêche officielle, Lowe a honte d’appuyer sur ce sujet, qu’il sent lui-même combien le ministère s’avilit à insister sur les réductions. L’Empereur et lui ont certainement dit autre chose avant que Lowe le quittât, le chapeau sur la tête, sans autre salutation que : « Je vous souhaite le bonjour. » Napoléon ne lui a-t-il pas dit, comme le rapportent Las Cases et O’Meara, qu’il irait s’asseoir à la table des braves officiers du 53e et qu’ils ne refuseraient point, il en était sûr, une part de leur dîner à un vieux soldat comme lui ? Cela est vraisemblable quoique Lowe n’en dise rien et peut-être parce qu’il n’en dit rien ; autrement on ne s’expliquerait point le post-scriptum à la protestation (sans date mais dite du 23 août) que l’Empereur fit endosser par Montholon. Après avoir rappelé que, à une lettre en date du 17, Lowe avait joint un aperçu des dépenses de l’établissement de Longwood, mon-