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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

rait diminuer naturellement le confortable dont avaient joui jusque-là les personnes qui étaient autour de lui. Ayant été très franchement informé par le général Buonaparte qu’il avait à sa disposition dans diverses parties de l’Europe des ressources pécuniaires au moyen desquelles l’excédent et même la totalité de ses dépenses pourraient être défrayés, il le priait de l’informer, avant qu’il essayât quelque réduction considérable qui serait peut-être désagréable soit à lui, soit aux personnes de sa suite, s’il convenait au général qu’un semblable essai fût tenté ou s’il préférait mettre à la disposition du gouverneur des fonds suffisants pour les dépenses du surplus. »

Lowe revint à Longwood le lendemain 18 août : c’était la cinquième entrevue qu’il avait avec l’Empereur : ce fut la dernière. Il était accompagné de l’amiral Sir Pulteney Malcolm qui avait succédé à Cockburn, et il arrivait avec la résolution de porter ses plaintes contre Bertrand et d’obtenir, au sujet de la question d’argent, une réponse formelle. Napoléon, las des procédés qu’employait Lowe pour l’exécution formaliste et de plus en plus stricte de la consigne, parut saisir avec un certain empressement l’occasion qui se présentait de l’humilier devant témoin, de lui exprimer avec virulence les sentiments qui l’animaient. Le gouverneur exposa donc ses griefs ; l’Empereur resta quelque temps silencieux et, lorsqu’il se détermina à parler, il s’adressa à l’amiral, affectant de ne point regarder