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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

ordonné qu’on prît des Tuileries et qu’on portât à la Banque Laffitte. Il était déjà bien tard et il fallut, pour que les fourgons sortissent, une autorisation que donna Fouché. Fouché savait de quoi il s’agissait et, par lui comme par les autres intermédiaires, le secret fut bien gardé.

S’il avait été trahi, nul doute que, comme tous les biens mobiliers et immobiliers des Bonaparte, les trois millions de l’Empereur n’eussent été confisqués.

Enfin, et c’est ici le troisième dépôt, peut-être le plus important : l’Empereur avait, en 1815, remis au roi Joseph des valeurs considérables qui furent déposées chez le comte Clary ou emportées aux États-Unis, sur lesquelles l’Empereur tira à peine quelque centaine de mille francs et qui ne figurèrent sur aucun compte. Il est nécessaire d’en faire mention, attendu les imputations qui y furent faites.

Pour Napoléon, il était essentiel que les Anglais continuassent à ignorer s’il avait des fonds et, au cas qu’il fût obligé d’en tirer d’Europe, qui les fournirait ; pour Lowe, il était urgent qu’il se conformât à ses instructions et qu’il réduisît les dépenses à la somme fixée par le ministère ; il s’y employa avec zèle, « espérant que, grâce aux vaisseaux d’avitaillement envoyés d’Angleterre, le prix des denrées baisserait de moitié, et qu’ainsi on réaliserait une réduction dans la dépense sans qu’il en résultât une diminution très sensible dans le confort ou dans le nécessaire qui leur (aux prison-