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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

quadruples de ceux de Londres, équivalaient à 3 sh. 6 d. et devaient suffire à toutes les dépenses d’éclairage, de chauffage et de table.

En fixant la somme de 8.000 £, dont il convenait de retirer 5.500 £ de dépense fixe, restaient 2.500 £ pour les besoins de la maison ou 10 pence par jour et par homme. « C’est ce qui est alloué à un soldat », disait l’Empereur en achevant ce raisonnement que Lowe ne tenta même pas de réfuter.

Quel but poursuivait le gouvernement anglais en réduisant ainsi la somme allouée à l’entretien de l’Empereur ? Le contraindre à renvoyer la plupart de ses compagnons, afin de l’isoler et de le rendre plus maniable ; — cet objet était formellement avoué dans les dépêches de Lord Bathurst ; réaliser une économie et, puisqu’on n’avait point, par politique, jugé à propos d’engager les Puissances à payer leur quote-part de la dépense, la réduire au strict minimum ; enfin, en contraignant l’Empereur à fournir aux besoins de sa vie matérielle, l’obliger à déclarer où étaient cachés ses trésors. Pour recevoir de l’argent, il faudrait qu’il écrivît ; ses lettres, comme celles de ses compagnons, passeraient ouvertes par les mains du gouverneur qui les transmettrait ouvertes au ministre. Quoi de plus simple dès lors que d’arriver aux détenteurs des fonds et de saisir les immenses capitaux que l’Empereur n’avait pu manquer de mettre en sûreté ? Telle était en effet, chez ses ennemis, qui le jugeaient d’après eux-mêmes.