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ON PRÉFÈRE LE CONTRAINDRE À SE LIVRER

puissent sortir. » Cela arrange tout ; de la sorte, on ne livrera point Napoléon, mais, comme il ne pourra point sortir de Rochefort, il sera contraint de se livrer lui-même, — et cela permettra aux membres du Gouvernement de déclarer qu’ils n’y furent pour rien.

Le 28 au soir, la Commission rapporte donc cet article V : « En conséquence, écrit Fouché à Decrès, les frégates sont mises à la disposition de Napoléon. Rien maintenant ne met obstacle à son départ. L’intérêt de l’État et le sien exigent impérieusement qu’il parte aussitôt après la notification que vous allez lui faire de notre détermination. » Le comte Merlin est adjoint pour cette mission au duc Decrès. « Il importe, ajoute Fouché, que vous partiez pour Malmaison avec M. Merlin au reçu de cet ordre. Le comte Merlin va venir vous trouver. » Le comte Merlin s’étant rendu invisible, c’est Boulay (de la Meurthe) qui accompagne Decrès. Ils arrivent à Malmaison le 29 à la pointe du jour et sont aussitôt reçus. L’Empereur annonce qu’il partira dans la journée.

Est-il sincère ? Depuis la journée de Waterloo, depuis les terribles cinq journées qui ont suivi la défaite, près d’une semaine a passé. La dépression physique et morale qu’il a subie est dissipée. Il est de nouveau en pleine possession de lui-même. Il a constaté l’incertitude, l’absence de plans des médiocres acteurs qui se sont mis en sa place ; ne pouvant admettre, ni qu’ils soient si sots que de