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L’EMPEREUR ET LOWE

la porte devant lui et lui barra le passage avec son bras. L’amiral, déconcerté et mortifié, n’insista point.

Cependant, Lowe avait abordé l’Empereur en lui disant en français : « Je suis venu, Monsieur, pour vous présenter mes devoirs. » L’Empereur avait tout de suite fait allusion au Régiment corse, et la conversation avait continué en italien, sur les Corses, l’expédition d’Abercromby en Égypte, rien de sérieux. On n’aborda pas les affaires. Avant de prendre congé, Lowe présenta son état-major. L’amiral n’entra point, et partit fort irrité. L’Empereur, sur le moment, était ravi ; il dit que, pour un million, il ne donnerait pas cette journée. À la réflexion, il se reprit, fit exprimer ses regrets à l’amiral par O’Meara et envoya Montholon lui porter des excuses. Mais le coup était porté : Hudson Lowe savait à quoi il devait s’attendre.

Or, il arrivait avec des instructions qui, si elles étaient en substance semblables à celles qu’avait emportées Sir George Cockburn, et « qu’il devait regarder comme les principes généraux qui devaient régler sa conduite, » les aggravaient sur certains points, surtout lui donnaient des pouvoirs discrétionnaires. « Vous observerez, lui était-il dit, que le désir du gouvernement de Sa Majesté est d’accorder au général Buonaparte toutes les indulgences compatibles avec l’entière sécurité de sa personne. Qu’il ne puisse en aucune manière s’échapper ni avoir de communication avec qui que