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LE NOMMÉ PIONTKOWSKI

lorsque l’Empereur fut sur le Bellerophon. À Plymouth, il a été admis à prendre congé de l’Empereur en même temps que les officiers de son grade, qui n’étaient point autorisés à le suivre. Avec eux, il a regagné l’Eurotas, où ils étaient détenus ; mais, tandis qu’ils étaient déportés à Malte, lui seul, ce Polonais inconnu, a été amené à bord du Saint-George, où il a attendu le départ pour Sainte-Hélène d’un vaisseau marchand. On l’a marié à bord du Saint-George à une demoiselle, Mélanie Despout, ex-élève du Conservatoire de Paris, qui était venue le rejoindre en Angleterre, où elle avait quantité d’amis ; il est parti aussitôt après ; il est arrivé à Jamestown le 29 décembre 1815, et l’amiral, croyant être agréable à l’Empereur, l’a amené à Longwood. Piontkowski, pour cette occasion, a revêtu l’uniforme bleu barbeau, brodé d’argent, des officiers d’ordonnance, et, comme les officiers d’ordonnance portaient la distinction de capitaine, il s’est ainsi promu capitaine. L’Empereur d’abord ne veut pas le recevoir : il ne sait ni qui il est, ni d’où il vient. Il s’indigne de cette usurpation d’uniforme. Mais on lui fait observer que peut-être ce Piontkowski apporte des nouvelles, qu’il a été envoyé par des amis ; sans répondre de lui officiellement, Bertrand atteste qu’il l’a vu à l’île d’Elbe. On l’introduit et il s’incruste ; il arrive à être toléré, puis presque accepté ; sous Gourgaud, il est chargé de l’écurie ; il chasse et tue parfois quelque perdrix ; il va quêter des nouvelles à