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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

désastre, qui lui demeure incompréhensible, il a sauté du Consulat, et encore des premiers temps, à 1815, au retour des Bourbons, à la campagne de Belgique ; il a divisé le travail et à présent Las Cases semble entre les moins favorisés. Pour cela, peut-être, ses compagnons, malgré les bouderies qui continuent, vivent entre eux dans des termes en apparence tolérables.

Un personnage inattendu, dont la venue fut un mystère et demeure une énigme, a jeté quelque imprévu dans cette existence dont l’uniformité est le grand supplice : c’est un Polonais, prétendant s’appeler Charles-Frédéric-Jules Piontkowski et avoir obtenu des grades dans l’armée saxonne. Il est venu à l’île d’Elbe, s’est engagé comme simple soldat dans le Bataillon Napoléon, d’où il est passé chevau-léger à l’Escadron polonais. Ayant suivi l’Empereur en France, il a été nommé lieutenant le 12 avril et placé au 7e, puis au 2e Lanciers. Il a peut-être fait, en cette qualité, la campagne de Belgique ; ensuite, sans qu’on comprenne comment, il est parvenu à s’insinuer à Malmaison ; il a obtenu d’être inscrit sur la liste de ceux qui suivraient l’Empereur ; il a accompagné Mme Bertrand et ses enfants de Malmaison à Rochefort ; il s’est embarqué sur la Méduse lorsque l’Empereur est monté sur la Saale, et il était sur le Myrmidon