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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

argent : l’argenterie est si considérable que lorsque, plus tard, on en eut brisé et vendu plus de 130 livres pesants, il restait deux cent trente-quatre assiettes, trente-quatre plats, trois soupières, deux saucières, quatre-vingt-seize couverts, et quantité de menus objets. La cuisine n’est point excellente, au gré d’un palais aussi exercé que celui de Montholon[1], mais elle paraît sublime aux officiers anglais peu familiarisés avec les délicatesses françaises. On sert d’ordinaire un potage, un relevé, deux entrées, un rôti et deux entremets dont un de douceur. Cela est l’extrême sobriété pour une époque où, chez les particuliers, quatre entrées étaient de rigueur. L’Empereur tient pourtant au nombre des plats lorsqu’il a des convives de qualité, mais le dîner ne dure point, même les grands jours, au delà de quarante minutes. Le maître d’hôtel Cipriani, en habit vert brodé d’argent, gilet blanc, culotte de soie noire, bas de soie blancs, souliers à boucles, dispose les plats. À droite et à gauche du fauteuil de l’Empereur, se tiennent Saint-Denis et Noverraz — même costume sauf la broderie en or au collet, parements et baguette — ils ne s’occupent que de Sa Majesté. Les autres convives sont servis par Gentilini et ses matelots-valets de pied, en livrée verte à galons d’or, veste et culotte rouge, et par Bernard, le domestique de

  1. Au sujet des Cuisiniers de l’Empereur à Sainte-Hélène, je me permets de renvoyer à mon volume, Autour de Sainte-Hélène (2e série)