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QUE FERAIENT DE LUI LES ALLIÉS ?

cas qu’il ne l’eût point fait, ils agitèrent diverses combinaisons en vue de s’emparer de lui, de l’envoyer en Angleterre, ou de le confier à l’empereur d’Autriche. À quoi l’Anglais répondit que, s’ils avaient sincèrement l’intention d’en disposer de cette façon, ils auraient mieux fait de l’envoyer soit à lui, Wellington, soit au maréchal Blücher. Ainsi délibérait-on sur son sort et, au moment où ces commissaires offraient ainsi de le livrer, nul d’entre eux ne pensait à stipuler qu’il aurait la vie sauve. Ils se contentaient, au dire de Pozzo di Borgo, de l’assurance qu’il serait traité comme un prisonnier de guerre : prisonnier de guerre des Alliés, sans doute, mais, comme Lord Liverpool devait l’expliquer fort nettement : les Alliés n’auraient qu’à le remettre ensuite à son juge naturel : le roi de France.

La Commission de Gouvernement n’envisageait point expressément cette hypothèse et elle eût résisté à la réaliser, car, si la tête de Napoléon tombait, que de têtes seraient en péril ! Sous cette réserve, elle se fût montrée facile. Pour le moment, elle s’accordait à trouver sa présence à Malmaison importune pour son prestige, dangereuse pour ses desseins, périlleuse pour lui-même qui pouvait être pris ou tué par les éclaireurs de Blücher, si bien que, pour mettre Malmaison à l’abri d’un coup de main, — à moins que ce ne fût pour effrayer l’Empereur, — elle ordonna à Beker de brûler le pont de Chatou. Elle voulait qu’il partît ; mais, elle