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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

se refusa malgré le désir qu’avait exprimé l’Empereur, à venir dîner tous les soirs, alléguant l’état de santé et les habitudes d’inexactitude de Mme Bertrand.

En ce qui les concernait, comme en tout le reste, l’amiral faisait preuve de bonne volonté, mais, s’il se montrait respectueux de l’infortune, il ne se tenait pas moins obligé, par son devoir comme officier, et par sa conviction comme Anglais, à observer la consigne lorsqu’il s’agissait de la garde du prisonnier et des mesures prescrites par le ministère.

Autour de Longwood, l’Empereur ne pouvait se promener librement, sans être accompagné par un officier anglais, que sur un espace d’environ douze milles de circonférence ; il y avait pour le garder un camp à Deadwood, un autre à Hut’s Gate, des postes à l’infini ; des cordons de sentinelles autour des limites ; des factionnaires si rapprochés, à partir de neuf heures du soir, qu’ils communiquaient de l’un à l’autre et qu’ils enveloppaient complètement la maison dont nul ne pouvait sortir à moins d’être accompagné par un officier, où nul ne pouvait entrer sans le mot d’ordre.

Pendant le jour, l’amiral avait d’abord ordonné que nul ne pût dépasser Hut’s Gate et aborder Longwood sans un laisser-passer du gouverneur, du commandant ou de lui-même. Plus tard, il admit des tempéraments qui pouvaient donner une illusion de liberté : il se plia lui-même et il plia tout