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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

qui semblaient aux Anglais d’autant moins intéressantes qu’ils savaient à merveille combien l’Empereur était sobre et qu’ils attribuaient à qui de droit l’indiscrétion de telles réclamations. Seul, Montholon était responsable de l’étonnant gaspillage qui se faisait dans la maison, et qu’une meilleure administration eût prévenu, moyennant quoi l’Empereur eût donné bien autrement de force à ses justes plaintes, en même temps qu’il eût enlevé à ses geôliers certains arguments qui ne manquaient point de porter.

De Montholon tout se trouva dépendre : aussi bien Gourgaud qui déjeunait dans sa chambre et y dînait assez souvent, que les Bertrand qui, faisant ménage à part, recevaient pourtant certains plats de Longwood ; les Las Cases ne se plaignaient de rien, et avaient pris le parti de tout supporter, mais O’Meara parlait, et en même temps recueillait pour en faire des gorges chaudes les propos de Montholon.

Il échappe à Las Cases d’écrire : « Toutes ces dispositions, quelque raisonnables qu’elles fussent ne laissèrent pas de semer parmi nous des germes d’éloignement qui poussèrent de légères racines et reparurent parfois à la surface ; l’un trouvait qu’il avait perdu, l’autre voulait donner trop de lustre à sa partie ; un autre se trouvait lésé dans le partage. » Sous les ordres de M. de Montholon, « Cipriani, maître d’hôtel, s’entendit avec lui pour la distribution des vivres tant à Longwood qu’à