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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

Au surplus, aux Briars, croyant se faire bien venir, il racontait à tout moment que l’amiral, ou le colonel, ou le gouverneur, tel officier ou tel autre, celui-ci ou celui-là, lui avait manqué, donc avait manqué à l’Empereur ; Montholon arrivant de la ville, colportait, pour flatter autrement son maître, d’étranges nouvelles sur qui l’imagination travaillait : La France en insurrection, une armée de 150.000 hommes s’organisant, le peuple entier réclamant l’Empereur ; l’Angleterre tremblante, armant ses milices ; et l’on vivait là-dessus, sans se douter qu’il n’y avait plus d’armée française et que 150.000 étrangers occupaient toutes les positions militaires. Quant au Grand maréchal, souvent repris parce qu’il ne voulait point porter de plaintes inutiles, il boudait quelque peu, dignement.

Il était temps pour la colonie que survînt une distraction, qui la sortît de ce marasme ; et qu’elle trouvât une occupation qui, du moins pendant quelque temps, fît diversion aux mauvaises humeurs : le 8 décembre, l’amiral vint annoncer que tous les travaux étaient terminés à Longwood ; il demanda à l’Empereur quel jour il pourrait venir le prendre pour y aller et voir si toutes choses étaient à sa convenance. L’Empereur désigna le lendemain 9 : « le Grand maréchal et l’amiral l’accompagnèrent ; il indiqua quelques détails de