Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
279
NAPOLÉON AUX BRIARS

Jusqu’à la fin de novembre, sa santé avait été parfaite ; vers le milieu du mois, il prit un rhume avec de la fièvre, et, le 23, il fut souffrant, garda la chambre, refusa de voir qui que ce fût ; mais ce rhume dont il eut une légère reprise au début de décembre n’avait pas d’importance ; ce ne fut jamais de ce côté que sa santé donna des inquiétudes : bien plus que son rhume, l’ennui commençait à lui être insupportable. Le tête-à-tête avec Las Cases durait depuis un mois et demi, et jadis il « vidait » un homme en moins d’une heure. Il voulut au moins varier les interlocuteurs et fit venir de la ville Gourgaud qu’on logea sous la tente. Certes, il était actif, intelligent, « débrouillard » ; il donnait la réplique sur la guerre et les campagnes puisqu’il avait suivi l’Empereur depuis 1812, il écrivait vite, rédigeait bien, savait quantité d’anecdotes sur les gens de la Cour qui pouvaient amuser, mais il était, par nature, contradicteur, susceptible, ombrageux, chercheur d’affaires ; à toute occasion il excitait l’Empereur contre l’amiral, contre le colonel Bingham qui pourtant multipliait les attentions et s’employait à des prévenances. Sous prétexte que, à un premier bal, l’amiral n’avait point donné aux Français, — et surtout à lui, Gourgaud, — les places qui leur étaient dues, il arriva à faire défendre à tous ses compagnons d’aller à un bal du gouverneur Wilkes et Mme Bertrand, comme Mme de Montholon, replia dans la caisse la robe dont elle avait compté se parer.