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NAPOLÉON AUX BRIARS

tamment en éveil, guettait tout un chacun et rugissait s’il croyait que quelqu’un fût mieux traité que lui ; les deux dames se querellaient et se disaient des mots durs, Mme Bertrand accusant Montholon de faire l’espion. On en était là un mois après l’arrivée.

L’oisiveté y était sans doute pour autant que la jalousie. Aussi, l’Empereur, peut-être sur les suggestions de Las Cases, qui voyait les tempêtes se former contre lui et cherchait la paix, imagina d’employer ses compagnons tous ensemble à son travail et d’attaquer ainsi à la fois les campagnes d’Italie, celles d’Égypte, le Consulat, le retour de l’île d’Elbe. Sans doute pouvait-on penser, comme Las Cases, que « les heures lui deviendraient plus courtes, que ce bel ouvrage marcherait plus vite, et que ces Messieurs seraient beaucoup moins malheureux ». À partir du 22 octobre Gourgaud fut employé à une version du siège de Toulon, de l’Armement des côtes, du 18 Brumaire, des débuts du Consulat ; Montholon, un peu plus tard, à un 13 vendémiaire ; Bertrand à l’Égypte. Comme on avait maintenant quelques livres, entre autres l’Annual Register qu’il fallait traduire, cela occupa Gourgaud. Après la dictée reçue, et après lecture faite de la mise au net de la dictée précédente, ces Messieurs restaient à dîner ; le cuisinier était en effet venu s’établir aux Briars ; on avait sorti des malles du linge et de l’argenterie ; et le repas devenait une distraction salutaire ; mais ensuite les