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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

ral protestait de ses bonnes intentions, et il en eût pu donner comme preuve que, dès le 22 octobre, il avait prévenu par ses ordres la plupart des désirs que le Grand maréchal lui exprimait le 5 novembre, mais, aux demandes contraires à ses instructions, il ne pouvait répondre que par une fin de non-recevoir péremptoire.

Ce fut donc — et ce ne pouvait être autrement — un coup d’épée dans l’eau ; cela servit à rendre un peu moins aisés les rapports avec l’amiral : toutefois la polémique ne continua point, alors ; et une accalmie se produisit durant laquelle Montholon fréquenta assidûment Plantation House. Tous les Français, jusqu’à Las Cases, assistèrent même, le 20, à un bal que donna l’amiral, et restèrent à souper.

À défaut de querelles avec les Anglais, celles entre Français ne chômaient point. Déjà, sur le Northumberland, il y avait eu des prises très fortes entre Las Cases et Gourgaud, celui-ci accusant celui-là d’avoir rapporté à l’Empereur ses propos indiscrets. L’Empereur avait dit son fait à Gourgaud lequel ne pardonna jamais à Las Cases. Ce fut bien pis lorsque l’on constata la préférence que Napoléon lui marquait, qu’il l’emmena aux Briars, qu’il fit de lui son confident et son secrétaire intime. Montholon croyait avoir la direction de la maison et se plaignait, Bertrand faisait sentir une résistance à laquelle l’Empereur n’était pas habitué ; Gourgaud, dont la susceptibilité était cons-