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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

faire passer en Angleterre une note contenant ses protestations « contre les étranges mesures adoptées contre lui ». Il affirmait une fois de plus qu’il ne pouvait être considéré comme un prisonnier de guerre ; que s’il avait choisi l’Angleterre, c’était par la confiance qu’il avait dans ses lois ; que d’ailleurs il ne pouvait être prisonnier de guerre, puisqu’il n’y avait point de guerre, et que, puisque l’on violait à son égard le droit des gens, le gouvernement anglais pouvait « adopter vis-à-vis de lui les principes des sauvages qui donnent la mort à leurs prisonniers. Ce droit eût été plus humain, plus conforme à la justice que de le porter sur cet affreux rocher ; la mort qui lui eût été donnée à bord du Bellerophon, en rade de Plymouth, eût été un bienfait en comparaison ». Il terminait en disant que « les premiers principes de la Morale chrétienne l’empêchaient de mettre lui-même un terme à cette horrible existence, mais que, si le gouvernement britannique devait persister dans ses injustices et ses violences, l’Empereur regarderait comme un bienfait qu’on lui fît donner la mort ».

Un tel état d’esprit ne lui était d’ailleurs point habituel : il protestait pour le principe, il laissait à ses protestations un caractère politique ; il se maintenait sur le terrain du droit outragé en sa personne ; il ne s’abaissait point directement à des plaintes sur le local, la vie et la nourriture.

À chaque fois pourtant que ses compagnons de captivité venaient de Jamestown lui rendre visite,