Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
273
NAPOLÉON AUX BRIARS

lui semblaient du badinage. Que parfois les récits qu’il donne ne soient point d’une exactitude rigoureuse, on ne sait s’il faut s’en prendre à la mémoire grossissante du narrateur ou aux ornements et aux erreurs qu’y a certainement ajoutés le rapporteur, d’abord en les écrivant, puis en les rédigeant pour la publication et en y intercalant alors des pièces apocryphes qui rendent contestable l’authenticité de l’ensemble, et cela est très fâcheux. On peut dire que, dès ce moment, toute l’activité de Las Cases et tous ses moyens étaient tendus à ce que, le plus promptement et le plus largement possible, l’Empereur racontât et dictât son histoire publique et privée, militaire et diplomatique. Aussi épuisait-il la matière, si bien qu’à la fin d’octobre 1815, « nous étions déjà, dit-il, à la fin de la campagne d’Italie ».

Ce tête-à-tête, qu’interrompaient seulement les apparitions des petites Balcombe, que coupaient quelques promenades dans le jardin, évacué par les surveillants militaires et devenu, pour le travail et la marche, une annexe de « la guinguette » impériale, n’était plus troublé, comme aux premiers jours, par des visites inopinées. Alors, parfois quelqu’un, soit l’amiral, soit quelque capitaine de vaisseau, venait jusqu’aux Briars, frappait à la porte, entrait même sans frapper ; ce n’était point impertinence ou mauvaise volonté : ignorance seulement ; aussi bien l’Empereur en profita pour remettre au capitaine Desmond, du Redpole, et