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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

rez-de-chaussée, à peu près carrée, de sept pieds sur sept, avec deux portes et deux fenêtres : une sur chaque face ; au-dessus, un comble où l’on avait peine à se tenir debout.

Ce fut là qu’il voulut s’installer : l’amiral loua à Balcombe ce petit pavillon et il plaça à distance, pour la garde du prisonnier, un capitaine d’artillerie et deux sergents. On dressa, quelques jours plus tard, en prolongement de la chambre, une assez grande tente qu’avait offerte Bingham, le colonel du 53e ; on apporta des rideaux et quelques meubles ; mais qu’importait à Napoléon ? Il pouvait rêver encore qu’il était à la guerre et qu’il avait son bivouac en une des chaumières où le menait le hasard de la victoire, et qui, pour une nuit, se nommait le Palais impérial. Il renvoya à la ville le Grand maréchal et, ordonna que Las Cases seul le rejoignît.

Ce furent des journées presque heureuses, ces journées de campagne où, pour compléter la similitude, ses valets de chambre, enveloppés dans leurs manteaux, couchaient devant la porte, où Las Cases, avec son fils, occupait ce comble qu’emplissaient tout entier leurs deux lits. Pire qu’en guerre, la nourriture — deux ou trois plats — devait, les premiers jours, être apportée de Jamestown, où la préparait le cuisinier ; les éléments étaient médiocres ; refroidis et, ainsi remués, ils devenaient pires. Mais Napoléon avait la liberté d’aller et de venir dans ce jardin où tout lui était