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JAMESTOWN

comme s’il eût voulu comparer les rédactions que suggéraient ses dictées et en tirer profit pour une version définitive.

Ce fut là, assurément, l’occupation principale de la traversée, dont le jeu — les échecs après le « vingt-et-un » — était la distraction. Durant les premiers temps du séjour à Sainte-Hélène, il en fut de même.

L’Empereur, ayant débarqué à Jamestown le mardi 17 octobre, après son dîner, ne resta qu’une nuit dans l’auberge que tenait un sieur Porteus ; dès le lendemain matin, à six heures, il monta à cheval, et, accompagné de l’amiral Cockburn et du Grand maréchal, suivi d’un seul domestique, il alla visiter la maison de Longwood, qu’on lui destinait, et il y déjeuna avec la famille Skelton, qui l’occupait. Suivant sa disposition du moment, qui était d’échapper aux importuns, il trouva que cette solitude n’était pas déplaisante et il n’approfondit point les inconvénients graves que présentait le site et que multipliaient la légèreté de la construction et l’absence de caves. Si les Skelton, très bien intentionnés, donnèrent des renseignements, ce fut sur les mois d’été, durant lesquels Longwood était assurément bien moins chaud, bien moins étouffé que Jamestown, puisqu’il y avait, a-t-on dit, entre les deux points, une différence de dix degrés fahrenheit, mais ils ne savaient point ce que serait une résidence continue d’hiver et d’été, une vie sédentaire sans aucune course à