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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

À onze heures, tout est changé. De Laon, le 26, les plénipotentiaires envoyés au-devant des Alliés, ont écrit : « Des conversations que nous avons eues avec les aides de camp du prince Blücher, il résulte en définitive, et nous avons le regret de le répéter, qu’une des grandes difficultés sera, la personne de l’Empereur. Ils pensent que les Puissances exigeront des garanties et des précautions afin qu’il ne puisse jamais reparaître sur la scène du monde. Ils prétendent que leurs peuples mêmes demandent sûreté contre ses entreprises. Il est de notre devoir d’observer que nous pensons que son évasion, avant l’issue des négociations, serait considérée comme une mauvaise foi de notre part et pourrait compromettre essentiellement le salut de la France. Nous avons d’ailleurs l’espérance que cette affaire pourra se terminer aussi à la satisfaction de l’Empereur, puisqu’ils ont fait si peu d’objections à son séjour et à celui de ses frères en Angleterre qu’ils ont paru préférer à son séjour en Amérique. »

Sur quoi, Fouché écrit à Decrès : « D’après les dépêches que nous avons reçues ce matin, l’Empereur ne peut partir de nos ports sans sauf-conduit : il doit attendre le sauf-conduit en rade. En conséquence l’arrêté d’hier reste dans toute son intégrité et la lettre qui vous a été écrite ce matin pour annuler l’article V est nulle. » À midi, Fouché précise par une nouvelle lettre : « Napoléon Bonaparte, écrit-il, restera en rade de l’île d’Aix jus-