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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

camp singulièrement hâve, car il devait le nourrir. C’était un garde du Corps, Jean-Claude Gors, fils de feu Philibert Gors, instituteur à la Croix-Rousse, et de Claudine-Joseph Cochet. Parvenu, au mois de juin 1814, à se faire inscrire dans la compagnie Raguse, il avait fait le voyage de Gand, et, en septembre, était du guet du roi. Pourquoi le prit-on là pour lui allouer 6.000 francs de rentes, en l’affublant de la particule, nul ne le sut. Il devait obtenir que son traitement fût porté à 12.000 francs, et il vécut toute sa vie, même sous le second Empire, de la pension qu’on lui fit pour être allé à Sainte-Hélène. Au surplus, sans être aussi ridicule que Montchenu, moins estimable, car il passait son temps à dénoncer son chef.

Voilà l’Europe, — France, Autriche, Russie, — qui, par commissaire, doit à chaque heure constater la présence du prisonnier et chaque mois en envoyer le procès-verbal ; témoins qui pourraient être précieux et que l’Angleterre réduira à ne rien voir, ne rien entendre, ne rien savoir. L’Europe est bonne pour verser son sang au profit de l’Angleterre ; auxiliaire et mercenaire, c’est son rôle ; mais la pensée, le but, la domination, l’Angleterre se les réserve, même aux heures où un empereur de Russie imagine, sous les auspices d’une voyante hystérique, les « Sainte Alliance ». Elle fait mieux ; laissant aux rois d’Europe les vaines déclarations de principes, les prières et les mômeries, elle s’est