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DOUBLE JEU DE FOUCHÉ ET DAVOUT

ordres pour que les deux frégates du port de Rochefort soient armées pour transporter Napoléon Bonaparte aux États-Unis » ; désigne le général Beker pour le conduire au point de l’embarquement et pourvoir à sa sûreté, et, à l’article V porte : « Les frégates ne quitteront pas la rade de Rochefort avant que les sauf-conduits ne soient arrivés. » Davout signifie à Beker cet arrêté que tous les membres du Gouvernement ont signé, cela indique la part qu’il y a prise.

L’Empereur, auquel Beker a communiqué l’arrêté, n’en accepte point les termes ; par Savary et par Lavallette, il demande que l’article V soit rapporté. Ne croit-il plus que les Anglais lui donneront des passeports ? Veut-il gagner du temps ? Espère-t-il contre l’espérance ? Généraux, députés, pairs de l’Empire s’empressent à Malmaison, demandent qu’il reprenne le commandement de l’armée, qu’il sauve la France d’une nouvelle restauration. À Paris, les ouvriers et les soldats deviennent menaçants, réclament l’Empereur, et le bruit lui en arrive. Qui sait ?

La résistance opposée par l’Empereur semble porter effets.

Le 27 au matin, Fouché écrit à Decrès : « Quant à la disposition de l’article V du décret d’hier relatif au sauf-conduit, la Commission vous autorise à le regarder comme non avenu. Toutes les autres dispositions sont maintenues. » Il ajoute : « Il serait important que l’Empereur partît incognito. »