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LES COMMISSAIRES

le plus grand soin, lui était-il dit, tout rapport avec Napoléon Buonaparte et les personnages de sa suite. Vous repousserez, d’une façon claire et nette, toutes les propositions que ces personnages pourraient vous faire et, s’ils se permettaient des démarches directes, vous auriez à en avertir sur-le-champ le gouverneur. » À moins que l’empereur d’Autriche, certain que ces instructions confidentielles ne seraient jamais publiées, ait voulu, par l’envoi d’un commissaire, fournir à l’opinion une sorte de trompe-l’œil, faire croire qu’il s’intéressait au sort de son gendre et que, en postant près de lui un agent, il entendait assurer sa sécurité et son bien-être, on peut se demander quel but il se proposait. Sans doute n’en avait-il d’autre que d’acquérir à tout instant la certitude que Napoléon ne sortirait point de sa prison. Ou bien, sachant pertinemment qu’on n’avait nul besoin de leur secours, les oligarques autrichiens prétendaient-ils se donner l’intime satisfaction de faire croire que, eux aussi, gardaient le prisonnier de l’Europe ?

Le commissaire nommé par l’empereur François Ier appartenait, comme Balmain, à la carrière diplomatique. L’élévation, toute récente, de sa famille était due aux connaissances que son père, Ignace-Laurent, avait acquises dans les langues orientales. Les publications qu’il avait faites l’avaient désigné pour un poste d’interprète à l’internonciature de Constantinople et il y avait acquis une autorité analogue à celle qu’exerçait Ruffin