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LES COMMISSAIRES

çais la reddition des forteresses de Metz et de Luxembourg, ce qui lui valut, du roi de Prusse, l’ordre du Mérite. Le 11 juin 1815, il fut, par ordre de l’empereur, envoyé au duc de Wellington, près duquel il resta jusqu’à la seconde occupation de Paris ; il remplit encore, non sans danger, plusieurs missions importantes, qui témoignaient de la confiance particulière de son souverain ; en diverses occasions, il fut choisi, à l’exclusion de ses anciens, à cause de sa grande activité, de son exactitude, de son intelligence, de son tact, mais, en le désignant pour Sainte-Hélène, l’empereur Alexandre montra mieux encore comme il l’appréciait, et à des points de vue fort divers.

M. de Balmain était un homme d’esprit ; il gardait sous l’uniforme russe quelque peu de l’humour écossais ; les plaisantes imaginations qu’il glissait parfois dans ses dépêches officielles faisaient le bonheur des employés des Affaires étrangères ; il était la coqueluche des salons, où les femmes l’entouraient, car il excellait à provoquer le fou rire et à le pousser « jusqu’à l’hystérie ». Sans doute les sujets qu’il aurait à traiter avaient besoin d’être égayés et l’on comptait qu’il les présenterait de façon à en souligner le pittoresque et à y insérer des détails qui déridassent l’auguste destinataire. Malheureusement pour la chronique, le comte de Balmain trouva à Sainte-Hélène des séductions qui lui firent peu à peu perdre de vue le but de sa mission ; il s’en désintéressa à propor-