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LES COMMISSAIRES

ment des comptes, les prétentions des uns et des autres à assurer la garde du captif, les rivalités d’influence et jusqu’aux préséances. Il subit donc les commissaires, mais il trouva fort opportune la résolution du roi de Prusse de ne point en entretenir, et, à mesure qu’une des trois puissances rappela le sien, il n’eut garde d’insister pour qu’elle le remplaçât. Pour l’instant, la Russie, l’Autriche et le roi de France ne manquèrent pas d’user d’un droit qui consacrait leur triomphe.

Ce n’était point que l’empereur de Russie se proposât d’intervenir pour procurer un traitement plus favorable à l’homme qu’il avait si souvent assuré de son amitié ; ce n’était pas qu’il prétendît être tenu régulièrement au courant de ses besoins physiques, de ses souffrances morales, afin d’intervenir pour soulager les unes et satisfaire les autres ; mais il entendait avoir, à Sainte-Hélène, quelqu’un qui écoutât et qui regardât, qui lui rapportât le moindre geste que ferait le prisonnier et amusât ainsi son ennui ; à présent que le fauve avait été pris au piège et qu’il était enfermé dans la cage de fer, ne fallait-il point aposter quelqu’un pour noter ses bonds, ses rages, ses cris et ses appels ? Nulle pitié, mais l’insultante joie de retrouver abaissé, vaincu, misérable et gémissant l’être qu’on vit superbe, glorieux et terrible, et dont on eut si grand’peur. Rien d’autre.

L’homme que l’empereur Alexandre a désigné pour l’envoyer à Sainte-Hélène, se nomme