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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

caractère, l’instruction, même la manie écrivassière d’un portier-consigne qui fut adjudant, et l’Angleterre a fait de lui un lieutenant général pour l’établir le geôlier de l’Empereur.

Tout vient de là, de ces divers éléments qui ont constitué sa mentalité et formé son caractère. Il peut, comme le disent ses apologistes, avoir été dans son intérieur et dans sa vie privée, un excellent homme — quoique prodigieusement ennuyeux ; il a des vertus et, à un haut point, celles-là qui constituent l’admirable subalterne. Il a la religion du devoir militaire ; il est toujours debout et attentif ; il ne vit que pour sa consigne ; il ne rêve que d’elle au point qu’il en perd la tête. De cette consigne, il n’est pas responsable ; il a juré de l’exécuter, il l’exécute ; une ou deux fois, il prend sur lui de la suspendre, et, de sa part, c’est un triomphe de sa conscience de gentleman sur sa conscience de soldat ; il a rougi pour ses maîtres des ordres qu’ils lui donnaient, de leur lésinerie et de leur vilenie, mais, sauf ces cas, il porte dans le courant de la vie une raideur, un manque de formes, une absence de manières, une méconnaissance de ce qu’est son prisonnier qui semblent justement autant d’outrages. C’est qu’il n’est pas « du monde ».

Le fond n’appartient pas à Hudson Lowe, mais au ministère anglais ; la forme est de Lowe et c’est assez ; mais le ministère a su qui il prenait ; il a choisi Lowe entre tous parce que Lowe était tel,