Page:Masson – Napoléon à Sainte-Hélène.pdf/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
7
LA DEMANDE DE PASSEPORTS

doute, point de trace qu’il fût venu de sa personne à Malmaison, pas davantage Jérôme ; mais Joseph n’en quittait et il avait désormais assumé la direction de la Famille. Or, Joseph était déterminé à passer aux États-Unis, ainsi que Madame et Fesch. Toute la famille devait s’y réunir. L’Empereur n’a donc pu manquer d’être consulté sur la demande des passeports à son nom et il a certainement approuvé que le Gouvernement fît des démarches à cet effet.

Seulement devait-il en attendre les résultats à proximité de Paris ou au port même d’embarquement ? Depuis que l’Empereur l’avait appelé au ministère de la Guerre, Davout avait constamment préconisé les mesures de rigueur et, sans la résistance de Napoléon, il eût tourné le gouvernement vers les moyens révolutionnaires : peut-être eût-ce été le salut ; tout au moins, eût-on intimidé les traîtres qui venaient de livrer à l’ennemi l’armée et la France ; mais, à présent, Davout était mal venu à reprocher à Napoléon de s’y être opposé et sans doute eût-il été plus généreux et mieux inspiré s’il avait montré moins de hâte à se débarrasser de lui ; cette hâte se traduisait en une exaspération brutale que partageaient plusieurs officiers généraux de son entourage. Craignait-il qu’appelé par les soldats l’Empereur ne reprît le commandement de l’armée et ne le lui ravît ? Avait-il conçu des projets et des ambitions que gênait sa présence ? Croyait-il encore aux déclarations des