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NAPOLÉON À SAINTE-HÉLÈNE

tudes et les hésitations de Lowe, « qui était, dit Lord Seaton, un grand agité », le mirent hors de lui. Lowe ne pouvait répondre sans s’être longuement consulté et avoir pris toutes les précautions pour se prouver à lui-même qu’il ne se trompait pas. « Où mène cette route, Sir Hudson ? », lui dit un jour le duc. Lowe commença par tirer sa carte de sa poche et l’examina longuement. Wellington, à mi-voix, dit à un officier : « Sacrée vieille bête » (Damn’d old fool) et il piqua.

Ce n’était nullement son genre à lui, très grand seigneur et ne tolérant guère de parvenus, ni d’officiers de fortune dans ses entours ; aussi s’empressa-t-il de demander le changement de Lowe, lequel, en mai, fut envoyé à Gênes pour commander les troupes destinées à s’embarquer sur la flotte de Lord Exmouth et à faire une descente dans le Midi. En rejoignant son poste, au commencement de juin, il passa par Heidelberg où il eut, le 10, avec l’empereur Alexandre, une conférence secrète, et il arriva à Gênes lorsque le sort de la France et de l’Empereur avait été décidé à Waterloo. Les navires de Lord Exmouth virent, sans coup férir, Marseille et Toulon arborer le drapeau blanc. Cette campagne fut signalée seulement par le massacre des Mamelucks à Marseille, l’assassinat de Brune à Avignon, les meurtres commis par les Verdets dans le Midi. Ce fut à Marseille que Sir Hudson Lowe reçut la proposition d’aller à Sainte-Hélène pour y être le geôlier de Napoléon.