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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

le même traitement et subiront le même chef.

Pour cet Anglais, si uniquement Anglais, que peut être Napoléon ? « Un aventurier corse » qui s’est révolté contre son roi, qui a fait une fortune inouïe, mais n’en reste pas moins un insurgé. Rien n’existe aux yeux d’un loyal Breton de ce qui s’est passé en France depuis la Révolution. Les Anglais, — sauf quelques Whigs, très rares et nullement en faveur, — se sont fait des âmes d’émigrés. Ils ne savent point, ne veulent point que la France ait vécu, combattu, grandi, durant vingt-deux ans. Grades, titres, noms, fonctions, ils n’admettent rien. Lorsque Lord Bentinck, commandant des forces anglaises en Sicile, négocie, au nom de l’Angleterre et pour ses intérêts, avec Murat, roi de Naples, Grand amiral et prince français, à grande contrainte il l’appelle maréchal et de quel air ! Il a pourtant fait un immense effort sur lui-même et sur l’orgueil national. Pour Bathurst comme pour Lowe, pour quantité d’Anglais, — presque tous, — c’est déjà beau de reconnaître à Buonaparte le titre de général. Ne l’a-t-il pas reçu du Conseil exécutif de la République, donc des insurgés ? Légalement, n’était la paix d’Amiens où l’Angleterre eut la faiblesse de lui donner du général, que serait-il ? — Capitaine. De ce grade-là, il reçut le brevet royal ; depuis 92, il eut de l’avancement, mais conféré par les révoltés, et qui ne compte pas. Ainsi, le comte de Provence ayant succédé à son neveu, qui « a régné dans les fers », a