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LE COMTE BATHURST

assiduité continuelle à ses devoirs, par un formalisme qui lui impose la consigne comme une religion. D’une intégrité absolue, car il est sorti pauvre de places où bien d’autres se fussent enrichis, austère dans sa vie privée, sobre à table, ayant tout d’un presbytérien jusqu’à la débordante faculté de parler ou d’écrire, l’intarissable abondance d’un pasteur ; par surcroît, pour garder Buonaparte, pour entrer dans son caractère, pour avoir raison de ses finesses, pour déjouer ses ruses, pour lui imposer « les restrictions », cet officier a, aux yeux de Lord Bathurst, une aptitude que nul autre officier anglais ne peut posséder au même degré ; une habitude de près de quatorze années à vivre avec des Corses, à en tirer parti et à les plier à ses ordres.

Aussi, dès le 24 juillet 1815, Lord Bathurst, sans hésitation, ni délibération quelconque, a désigné cet officier, le major général Sir Hudson Lowe, colonel des Royal Corsican Rangers.

Que le fait de donner pour gardien à l’Empereur un officier qui fit son avancement entier à commander des Corses rebelles à la France, ne soit point, dans l’esprit de Lord Bathurst, un outrage prémédité, ceux-là seuls le nieront qui n’ont pris aucune idée de son caractère. Pour lui, qu’il s’agisse de l’Empereur des Français ou de mercenaires ayant déserté leur pays pour servir l’ennemi national moyennant une solde plus forte, il n’importe, ce sont des Corses ; ils méritent