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NAPOLÉON À SAINTE HÉLÈNE

de gouverneur, de 12 000 livres (300 000 francs), avec tous les agréments de logement, de domesticité, d’approvisionnements qu’avaient les gouverneurs de la Compagnie des Indes et sans les obligations qui leur incombaient de recevoir et d’héberger les passagers et les officiers de la Compagnie ; mais cette fortune est-elle pour tenter au métier qu’il faut faire quelqu’un des officiers de haut grade, appartenant tous, ou presque, à l’aristocratie du Royaume-Uni, ayant tous, ou presque, la réalité ou l’espérance de grands biens, occupant un rang social égal, pour le moins, à leur rang militaire, et peu attirés, quelque sincère que soit leur loyalisme, par ces fonctions de geôlier, de gouverneur dans une colonie qui ne relève que momentanément de la Couronne, dont le climat est médiocrement réputé, et où il faut renoncer à toutes les habitudes d’une vie, non pas mondaine, mais sociale ?

Il n’y a, au dire de Lord Bathurst lui-même, qu’un seul officier dans toute l’armée pour passer délibérément sur ces inconvénients et pour répondre à toutes les exigences qu’on peut formuler ; un officier qui, quoique revêtu du grade de major général, reste, si l’on peut dire, en marge de l’armée ; un soldat de fortune, sans relations, sans famille et sans biens, qui ne s’est point signalé par des actions de guerre, qui n’a prouvé ni talent, ni génie, mais qui s’est constamment distingué par la stricte observation des règlements, par une