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SIR GEORGE COCKBURN

raient. Il a dit qu’il n’avait pas de besoins, cela était vrai ; le cadre lui importait peu. Il y amenait son génie et c’était assez. Depuis le dortoir de Brienne et la mansarde de l’École militaire, il avait, partout et toujours, campé sans s’arrêter nulle part plus de quelques jours. À peine, sauf durant les premiers temps du Consulat, le trouve-t-on un mois de suite dans sa capitale. Il va d’auberge en chambre garnie, de bivouac en palais, de la maison d’un curé au palais d’un empereur et tout ce qui l’entoure le laisse indifférent. En a-t-il vu quelque chose ? On ne saurait dire — mais partout il emporte, comme son butin de sous-lieutenant, des nécessaires, des armes, des portraits, quelques objets familiers auxquels il tient par-dessus tout, non pour leur valeur artistique ou matérielle, mais pour le souvenir qu’ils évoquent, ce qu’ils lui rappellent d’êtres, d’événements, de gloire et d’orgueil. Dès qu’il s’est entouré de ces reliques, qu’il a fait accrocher ses cadres, disposer ses boîtes, il est chez lui, que ce soit auberge, chaumière ou château. Pour cela, il est demeuré primitif ; il est resté Corse ; il ne souffre pas directement du manque de commodités et de confortable. Si l’on a pris de la peine pour lui procurer ses aises, il en témoigne un certain contentement, mais qui ne tient point à une sensualité satisfaite, uniquement à l’idée qu’on l’a traité comme on doit. Et c’est par là, dans son orgueil blessé, dans le changement de ses habitudes, — de ses habitudes